Ouevrture dimanche 26 novembre 2017, de 12h à 18h
Né à Cotonou (1961) et résidant depuis 1996 entre les Pays-Bas et le Bénin, Meschac Gaba a développé un langage conceptuel pour décrire le présent et interroger, par son travail, les mutations sociétales produites par l'avènement de la globalisation. L'artiste, dans la conception de ses installations, s'empare d'objets du quotidien, le plus souvent appartenant à une tradition culturelle locale (comme c'est le cas des baguettes traditionnelles françaises) et en fait matière à création pour aborder des thèmes d'actualité. Par son travail il nous parle d'appropriations culturelles (« Musée d'art contemporain africain », 1990-2009 ; « Contemporary Archaeology », 2003 ), de la condition de l'homme global (« Citoyen du monde », 2012 ; « Globallonn », 2013), d'enjeux économiques (« Vanity, » 1996 ; « Lake of Wisdom », 2009), ou encore politiques (« Actuels », 2010).
Il construit ainsi son langage plastique par l'utilisation d'objets qui, en passant d'un contexte culturel à l'autre, gardent très peu de leur spécificité locale, et devraient nous conduire à penser une culture globale, tout en montrant les effets d'hybridation et de syncrétisme qui traversent la mondialisation. C'est le cas, par exemple, des tresses qu'on retrouve dans ses sculptures-perruques (« Tresses », 2005), utilisées pour les coiffures en Afrique mais en usage aussi bien à Harlem (New York) qu'à la Goutte d'or (Paris). Dans sa démarche il ne s'agit pas seulement d'extraire les objets de leur contexte et de leur usage premier mais de les sortir de leur "fonction locale" pour investir un sens global. Ainsi, les tresses ne sont pas seulement une référence à l'Afrique mais des objets réélaborés par le marché actuel, matières d'une création contemporaine et signes d'une contemporanéité post-nationale.
Son parcours a été fortement influencé par de nombreux allers-retours entre l'Afrique et l'Europe qui l'ont amené à effectuer des déplacements autant géographiques que conceptuels entre différentes contrées et cultures du monde. Alternant ainsi posture réflexive et attitude d'altérité, par son travail il pose un regard critique sur l'Afrique contemporaine et plus généralement sur le monde qui nous entoure. S'amusant des visions stéréotypées de l'Afrique et du regard que le marché de l'art occidental a posé sur les artistes africains - lorsque dans les années 1980 il s'est décentré du seul axe géographique Paris-New York - il affirme une vision globale et résolument moderne de l'Afrique.
Francesca Cozzolino, Spéculations financières et trafic culturel. Quand l'art nous éveille sur la condition du monde global. (extrait)