Daniele Genadry
Staring in place
shimmer_72.jpg

Staring in place

Staring in place

Staring in place

Vue d'exposition
12.09 - 31.10.2020
Galerie In Situ - fabienne leclerc, Grand Paris
© Marc Domage

Staring in place

Staring in place

Vue d'exposition
12.09 - 31.10.2020
Galerie In Situ - fabienne leclerc, Grand Paris
© Marc Domage

Staring in place

Staring in place

Vue d'exposition
12.09 - 31.10.2020
Galerie In Situ - fabienne leclerc, Grand Paris
© Marc Domage

Staring in place

Staring in place

Vue d'exposition
12.09 - 31.10.2020
Galerie In Situ - fabienne leclerc, Grand Paris
© Marc Domage

Staring in place

Staring in place

Vue d'exposition
12.09 - 31.10.2020
Galerie In Situ - fabienne leclerc, Grand Paris
© Marc Domage

Staring in place

Staring in place

Vue d'exposition
12.09 - 31.10.2020
Galerie In Situ - fabienne leclerc, Grand Paris
© Marc Domage

1/7

OUVERTURE : 12.09.2020 & 13.09.2020

Les Paysages quantiques de Daniele Genadry
Morad Montazami, juillet 2020

Daniele Genadry de par son double ancrage personnel, aux Etats-Unis et au Liban, deux pays où elle a vécu et travaillé, est une artiste qui échappe assez facilement au réductionnisme identitaire et autres discours culturalistes. Pour le dire de manière inversée, son approche de la peinture, voire du paysage, peut cultiver certaines ambivalences qui se donneront moins à résoudre qu’à éprouver. Actuellement l’artiste se trouve à Beyrouth où elle enseigne les arts visuels à AUB (American University of Beirut). À noter que Genadry a elle-même étudié à Londres (Slade School of Art) une des villes, au même titre que Beyrouth et New York, où son travail fut exposé plusieurs fois depuis 2008 (citons également Rome où l’artiste a longuement séjourné et étudié le paysage).

Si les routes inconscientes et le nomadisme du paysage – notamment entre les Etats-Unis et le Liban – ont toujours irrigué son travail, ce n’est pas à dire qu’on regarde les peintures de Genadry de la même façon à New-York et à Beyrouth ; loin s’en faut. Les différentes formes de réception critique, qui se complètent d’une ville à l’autre, sont en outre de précieux indicateurs pour déchiffrer l’écosystème de l’œuvre. Entre autres paramètres déformants, le statut et l’histoire de la photographie, qui diffère largement au Liban et aux Etats-Unis (notamment dans son mode d’intégration aux arts plastiques) ; et reste le médium de prédilection de l’artiste, en ce sens que toutes ses peintures sont basées sur un matériau et une expérience photographique. On pourrait dire aussi par voie de conséquence que les temporalités de l’après-coup, du déjà-vu voire de l’hypervision sont celles qui dominent les peintures de Genadry, à l’épreuve de la photographie ; l’outil avec lequel elle a arpenté certains des paysages qui nous sont donnés à entrevoir dans cette exposition ; outil d’enregistrement de l’espace mais aussi machine à produire des accidents visuels.

Mais précisons également que l’appareil photographique n’est en rien le seul pourvoyeur d’images mobilisé. Un grand nombre de travaux de l’artiste sont basés sur des images de paysages prises sur Internet ; mixant ainsi les différents régimes de l’image – subjectif et automatique, optique et aléatoire – au cœur de sa réflexion et de sa pratique. En l’intégrant littéralement dans son processus de création, Genadry fait de l’image-banque ou de l’image trouvée, qu’elle dissèque, une condition inhérente à toute déconstruction d’un imaginaire fait de médiatisation, de filtrage, d’identification ; autant de dispositifs de visualisation qui régissent désormais nos perceptions les plus quotidiennes. Ces derniers encourageants toujours plus à l’accumulation, à la fragmentation et à la dématérialisation des images, trouvent dans les paysages irradiants et aveuglants de Genadry de merveilleux contre-espaces. Captée par ces foyers de lumières et autres contre-feux à même d’englober notre vision – notamment de par les formats imposants réalisés par l’artiste – celle-ci se trouve en tension entre le centre et la périphérie du tableau, entre des zones d’ombres et des zones surexposées – ou encore, comme en physique quantique, entre la matière et le rayonnement. Aux aléas de la vision à la fois distraite et névrotique que nous imposent les réseaux sociaux et autres GAFA, opposer les espaces blancs d’explosion lumineuse et d’atomisation de l’espace, de création du vide ; à la manière d’une carte sur laquelle certaines contrées résisteraient à se faire identifier ou à se laisser visiter.      

Entre autres tournants, pris avec cette exposition, le travail récent de Genadry porte de moins en moins de stigmates géographiques – et semble de plus en plus en recherche d’une efficacité en rapport avec le neutre. La tendance qui consistait à disséminer quelques indices de localisation (routes, noms de rue, chaines montagneuses…) dans les titres de ses œuvres, s’efface de plus en plus clairement, au profit de titres plus minimalistes et autoréférentiels (Shimmer, Frozen, White clearing…). Ces derniers nous renseignent davantage sur l’expérience visuelle et l’éphéméride de la peinture, que sur sa localisation. Cette neutralité sentimentale et mise à distance du rapport nostalgique dénote une position radicale et justement « minimaliste », qui n’est pas sans lien avec une tradition américaine, ancrée à la fois chez des artistes comme Ellsworth Kelly ou Mary Corse mais aussi des photographes comme Robert Adams ou Lewis Baltz. Les peintures de Genadry se donnent comme agencements de plans ou rythmes optiques plutôt que comme paysages au sens transitif et naturaliste.       

L’effet ?erenkov est le phénomène de flash lumineux se produisant lorsqu’une particule chargée d’électricité voyage plus vite que la lumière dans un milieu transparent comme l'eau ou l'air. Pendant longtemps, les physiciens ont pensé que ce phénomène ne pouvait se produire dans le vide. Orselon une nouvelle étude réalisée par des chercheurs de l’Université de Strathclyde (Ecosse), ces particules peuvent émettre des rayons gamma interagissant avec le vide quantique ; elles peuvent aussi apparaître et disparaître, selon un principe d’indétermination. Fidèles à la physique quantique, les paysages de Genadry ne nous laisse croire, ni dans la vision romantique du bout du monde, ni dans le vide pur – ce que vous voyez n’est que matière et rayonnement. Ses peintures semblent composées de ces particules généralement pas observables mais qui surgissent par attraction magnétique et transforment le vide en un milieu optique, où la vitesse de la lumière se dévoile en un flash ; ou une étincelle transfigurée en paysage.