Extraits du texte Le bleu Perramant, mars 2021
Yannick Haenel
« Où nous mène la peinture, sinon vers un élargissement de la substance scintillante du monde ? « Le corps de fond est inépuisable » écrivait Artaud : en maintenant en lui cette tension flottante qui occupe le corps de tous les vivants, ce corps vient dans la peinture. La part de nuit qui retient les formes affecte en elle ce qui se destine au visible : Perramant peint cette forme qui possède encore en elle son négatif. Ainsi, en ne cessant plus de jouer avec ce qui se perd en elle, la peinture nous renvoie-t-elle à quelque chose que nous savons être exactement nous-mêmes...
*
...Il faut oser, pour la peinture de Bruno Perramant, le mot de métaphysique : la plus grande expérience que nous vivons sur Terre, aux prises avec l'espace et le temps, en proie aux formes, ouverte aux couleurs et à leurs inflexions qui font naître des corps, relève d'elle - la métaphysique -, et de cet élargissement permanent qu'elle procure à notre pensée...
*
...À travers la liberté iconographique de Bruno Perramant se déploie en effet un monde d'images qui sortent du noir et ne cessent de se lever depuis cette grotte qu'est la nuit de chacun : formes qui se délivrent de l'angoisse, mur d'images mentales où ce que nous avons en tête tournoie depuis ce sommeil goyesque qui engendre les monstres. Une violence de l'être s'y prodigue à travers de splendides couleurs froides qui viennent casser la fable humaniste : l'espèce humaine est criminelle, d'où le déluge. »
Présentant un ensemble d'une quarantaine de nouvelles oeuvres, LOVE'S MISSING est la 9e exposition personnelle de Bruno Perramant à la galerie In Situ.
L'intégralité du texte de Yannick Haenel sera publié au sein du livret édité pour l'exposition par la galerie In Situ et sera accompagné d'une traduction anglaise.