"Brice à l'éventail en mittleuropa
vertement, la roue tourne en noeuds.
De la poudre aux yeux, 125 ml d'échecs,
la poupée fait des ronds carrés.
Arrête de faire le singe c'est pas la mer à boire,
il y a une crique au fond de la baie.
Aller va! Au Liban c'est pas du cinéma."
fp, octobre 2014
"Temps sensibles" est la troisième exposition de Florence Paradeis à la Galerie In Situ. À cette occasion elle présentera de nouvelles oeuvres, incluant photographies, collages et vidéos.
"Temps sensible", c'est le vocable utilisé en français pour différencier le temps qu'il fait du temps qui passe. "Temps sensibles" au pluriel serait une façon de renouer avec l'indifférenciation pour suggérer le mouvement de nos états d'âme pris dans les rayons du temps qui passe.
Les photographies rassemblées ici ne prétendent à aucune objectivité et ne délivrent aucun message. Ce sont toujours des mises en scène de l'instant où chaque signe s'énonce comme celui d'un vascillement imminent ; ce qui est aussi le moyen de réactualiser l'instant pour chaque regardeur.
Ainsi, face à la présence des êtres et des choses en équilibre dans l'espace du cadre, nous ne saurons rien.
De ce rien nécessaire à l'expression de la subjectivité de chacun.
Les collages font fi de ces subtilités.
Ils vont même à l'encontre de l'effet de réel recherché dans les photographies et se moquent de la vraisemblance comme de la profondeur. Ils sont crus, grossiers et un peu stupides comme les images du monde dont ils sont directement extraits.
Enfin, la pièce vidéo "La Crique" s'attache à rejouer un temps qui passe déjà inscrit dans un temps passé. L'élément aquatique s'impose comme un motif et au-delà comme une métaphore de la vision. Le paysage maritime semble idéal pour dissoudre le réel, ébranler la vue et créer un temps propice à l'expérience de la mémoire. Dans la recherche des variations du mouvement qui nous constitue, le modèle musical est ici un auxiliaire précieux comme le sont les codes et les attentes du récit cinématographique, voire romanesque.