La galerie sera ouverte le dimanche 24 septembre, de 12h à 19h.
"Au départ... de petites toiles où la forme de la baleine est encore reconnaissable, identifiable. Puis, progressivement, des formes ovoïdes, dilatées, tentaculaires ou en spirales se déploient sur les toiles, tandis que du fond des abysses surgit la Bête innommable. Ici, la forme se dilate sur un grand tableau, alors qu'en son coeur même un autre petit tableau vient insérer la représentation d'une cage thoracique, os et coeur - le coeur, de nouveau - que l'on devine palpitant sous les côtes osseuses. Les taches colorées jaune clair, roses, mauves, éclatent comme des bulles à la surface de la toile. Là, dans deux autres toiles prédomine le chromatisme mauve. Dans l'une, l'oeil écarquillé de la baleine fixe le regardeur, tandis que dans l'autre se multiplient yeux et tentacules. Ailleurs, les toiles jouent sur circularités et dilatations : la Bête s'épanche, se déploie, telle une pieuvre parfois. Mais si la forme se dissout dans Or, The Whale, elle ne saurait pour autant se référer à « l'informe », cette catégorie - ou non-catégorie - promue par Georges Bataille. Car l'informe chez Bataille est toujours un acte puissant de négativité qui a à voir avec la « bassesse » et la « transgression ». Rien de tel chez Perramant, chez qui l'informe de la baleine s'avère toujours d'une infinie douceur. L'un des triptyques les plus bouleversants est peut-être en ce sens Le Lazare. Les formes marines s'y déploient de façon hypnotique, sur des fonds bleu dur, tandis qu'au coeur du triptyque advient un éclat rouge sang - coeur de la baleine, coeur de la toile, coeur de la peinture. Vie et blessure tout à la fois."
Dominique Baqué Glissements progressifs de la peinture (extrait) Monographie Bruno Perramant Editions du Regard à paraître fin octobre 2017