Damien
Deroubaix
Jihad, 2015
Jihad, 2015

Damien Deroubaix
Jihad, 2015
Huile et collage sur toile marouflée sur toile
250 x 450 cm
Pièce unique
© Guy Rebmeister
L'artiste & Galerie in situ - Fabienne leclerc, Paris

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Dans Jihad, un crâne et des bulles de savon, symboles de vanité et du caractère éphémère de toute chose, émergent des troncs de bouleaux. Si le fond s'étale comme une vaste étendue abstraite, l'artiste a pris un soin minutieux en revanche pour détailler les herbes sèches se balançant souplement dans le souffle du vent au premier plan, les différentes espèces de chardons, les feuilles de chêne au sol, le tout peint dans un doux camaïeu de tons blonds, roux, ocre et bleus. Confronté à la barbarie humaine et au fanatisme, suggérés à la fois par le titre, par l'étendard au nom de Sheitan (le diable) et par la tête de mort emblème des Waffen SS, ce simple paysages d'herbes folles est un morceau de poésie d'une grande délicatesse qui résiste à la violence annoncée et repousse la vanité de toute velléité humaine. La douceur du paysage est d'autant plus poignante que cette singulière peinture évoque une barbarie toujours actuelle, dans un élan de brutalité ininterrompu depuis les croisades chrétiennes du XIe au XIIIe siècle jusqu'au fanatisme religieux du XXIe siècle. Sous couvert de "guerres saintes" promettant lauriers et gloire, ce sont les emblèmes du règne de la mort et de la folie, la tête de mort et la figure, qui s'imposent dans une scène où la Victoire peine à justifier que de telles conquêtes soient entreprises en son nom.

 

Catalogue Damien Deroubaix, HEADBANGERS BALL, édition des Musées de Strasbourg, 2018