L’exposition Les portes du jour se pense comme un scénario ouvert, un script sans dénouement imposé, qui permet d’appréhender le temps et l’espace autrement. Déployées sur deux sites historiques, les musées Carnavalet et Cognacq-Jay, cinq œuvres d’artistes contemporains lauréats du Prix 1% marché de l’art ont été réunies pour leur acuité commune à réfléchir le présent, à équidistance de l’utopie et de la dystopie. Différentes temporalités et réalités - imaginaires et physiques, intérieures et extérieures, locales et globales - cohabitent comme autant d’oracles, de signes à interpréter, au-delà de toute certitude figée.
En juin 2019, le maire de Venise a demandé à l’Unesco d’intégrer la cité des Doges - menacée d’engloutissement - à sa liste du patrimoine mondial en péril, quand tant de terres souffrent, à l’inverse, d’assèchement.
Installée dans le jardin du musée Cognacq-Jay, sous la salle où les vues de Venise par Canaletto, Guardi et Tiepolo lui font écho, Se mi vedi, piangi est une sculpture conçue à partir d’une palina usagée - célèbres pieux en bois des canaux de Venise, repères et amarrages pour les marins - sur laquelle Renaud Auguste-Dormeuil a inscrit à l’envers la phrase « Si tu me vois, pleure».
Elle est librement inspirée des hungersteine, littéralement « pierres de faim » en allemand. Placées dans le lit des cours d’eau comme l’Elbe, ces roches gravées ne sont visibles que lorsque le niveau de l’eau est faible. Supports mémoriels de sécheresses et de famines passées, elles sont aussi des avertissements prémonitoires de catastrophes présentes et à venir, des mises en garde adressées à ceux qui continuent de les découvrir aujourd’hui et possiblement dans le futur. Tel un oracle, cette œuvre prophétise la suite du drame écologique que nous vivons déjà pleinement.
Plus d'informations ici
Musée Cognacq-Jay
8 rue Elzévir
75003 Paris