Vivien
Roubaud

Vivien Roubaud
Ecailles, nickel, titane, cuivre, verre, douze volts, 2021
Globe de verre, fils à mémoire de forme, ailes de papillons naturalisés, laiton, électronique de gestion
40 x 20 x 20 cm
Pièce unique
© Sebastiano Pellion di Persano

Vivien Roubaud
IN SITU , May-June 2018
Galerie In Situ - fabienne leclerc, Paris
© Aurélien Mole

Vivien Roubaud
Flux d'airs, four centrifuge, sableuse, atmosphère protégé, courants électriques, sucre cristal, 2017
Les Faits du hasard, Exhibition Views at 104, Paris
09.12.17 - 04.03.18
© Thomas Lannes
Galerie In Situ - fabienne leclerc, Paris

Vivien Roubaud
Exhibition view - En marge, Galerie In Situ - Fabienne Leclerc, Paris, 15.01-18.03.17
© Rebecca Fanuele

Vivien Roubaud
Quatre filins, entretoises, moteurs moyeux de vélos, compresseurs de climatisations automobiles, châssis de scooter, polyéthylène souple, 52 volts, 2016
Exhibition view at Palais de Tokyo (19.02-11.09.2016)
Dimensions variables
©Aurélien Mole
Courtesy : Galerie In Situ - fabienne leclerc, Paris

Vivien Roubaud
Exhibition view - Gonflable, Lac du Broc - France, 2015
3 mètres de diamètre
© Mathilde Fages
L'artiste & Galerie In Situ - fabienne leclerc, Paris

Vivien Roubaud
Gonflable, contrepoids, transmission scooter électrique, lustres à pampilles, collecteur tournant, chaîne de moto, vingt-quatre volts, 2015
2m diamètre
Pièce unique
© Rebecca Fanuele

Vivien Roubaud
Eau courante, CO2, marbre blanc, régulateur de perfuseur, prélèvements de stalactites calcaires, diffuseur ultrasonique, 2014
Dimensions variables
Pièce unique

Vivien Roubaud
Hp deskjet, ordinateur, wifi, pièce de moulinet, ressort, deux-cent-vingt volts, 2010-2015
Dimensions variables
Pièce unique
© Rebecca Fanuele

Vivien Roubaud
Lames de scie à ruban 4,2m, matelas 160 x 200 cm, moteur, deux-cent-vingt volts, 2014
Lames de scie à ruban 4,2m, matelas 160 x 200 cm, moteur, deux-cent-vingt volts
Dimensions variables
Pièce unique
Exhibition view - Palais de Tokyo, 2014

Vivien Roubaud
Pollen de peuplier, soufflerie, centre-mètres cubes d'air, deux-cent-vingt volts, 2010
Dimensions variables
Pièce unique

1/11

Né en 1986 à Vouziers, FR
Vit et travaille à Bruxelles, BE

Lauréat du prix Révélations EMERIGE 2014

L'artiste cherche à extraire des qualités inutilisées ou des propriétés cachées des objets qui nous font vivre. Les mélanges actifs qu'il opère se confrontent et prennent forme dans des équilibres précaires et instables. Contourner les fonctions, désorganiser les savoir-faire sont des recherches qui nécessitent chez lui d'adopter un regard distancié. Poussières ou pollens, pièces détachées d'imprimantes ou de congélateurs sont mis à contribution pour créer des installations hybrides souvent en équilibre sur le fil d'une technique. Ses créations recréent fréquemment des micro-phénomènes ou microcosmes.

Diplômé du DNESP, avec félicitation du jury, à l'École nationale supérieure d'art de la Villa Arson (Nice) en 2011.

Parmi ses expositions collectives récentes : Saison 17, Lieu Commun (Toulouse, 2013) ; Sunshine & Precipitation Part 2, Catalyst Arts, (Belfast, 2012) ; Watt, La Station, (Nice, 2012) ; Young & Restless, Vidéochroniques (Marseille, 2012) ; Demain c'est loin, Galerie de la Marine (Nice, 2011). Exposition personnelle dans le cadre des Modules à la Fondation Pierre Bergé. Yves Saint Laurent, du 25/04/13 au 22/06/14 au Palais de Tokyo en collaboration avec la Villa Arson (Nice).

« Je dis souvent que j'emploie "des objets qui nous font vivre", d'une certaine manière je cherche à extraire des qualités inutilisées ou des propriétés cachées de ces objets. Les mélanges actifs que j'opère, que je réunis et que je confronte, prennent forme dans des équilibres précaires et instables. Contourner les fonctions, désorganiser les savoir-faire, ce sont des recherches qui nécessitent d'adopter un regard distancié par rapport à ce que nous savons ou pensons savoir sans jamais tomber dans la fascination, mais plutôt dans l'intention de susciter le questionnement et éveiller la curiosité. Libérer un objet c'est aussi le reprogrammer ou s'occuper de ses effets secondaires. Les objets statiques entrent en mouvement tandis que ceux habituellement en mouvement tendent vers des états pétrifiés. Certains systèmes se défont, retrouvent un état qui était perdu, ils se démêlent jusqu'à retrouver les matériaux "bruts" et hétérogènes de l'avant-fabrication, du produit non travaillé. En faisant des ponts entre les disciplines, et en combinant ou en défragmentant les domaines et les catégories, il est envisageable de faire trembler le ou les cadres sans vraiment pouvoir s'en extraire complètement. Il s'agit alors de revoir et d'interpréter des connexions et des raccords qui viendront relier les fragments et abolir les frontières entre les méthodes et les matières. Le jeu consiste à régler des dérèglements. »

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EXPOSITIONS (SÉLECTION)

Expositions personnelles

2022
Tour mort et deux demi-clés, galerie In Situ - fabienne leclerc, Grand Paris, FR

2020
Scalaire, Jardin François 1er, Centre de Création Contemporaine Olivier Debré (CCCOD), Tours, FR

2019
FIAC projects, Paris, FR
Nuit Blanche Paris, oeuvre nomade, FR
KM7 St Denis Nuit sur le chantier, Société du grand Paris, FR
Univers Encapsulés, Le creux de l'Enfer, Thiers, FR

2018
Vide secondaire, Micro Onde
, Centre d'art de l'Onde, Vélizy-Villacoublay, FR
IN SITU, In Situ - fabienne leclerc Paris, FR

2017
Galerie des Ponchettes, Nice, FR

2016
Projet entrée, Palais de Tokyo, Paris, FR
 
2015
Vivien Roubaud, In Situ - fabienne leclerc, Paris, FR

Expositions collectives

2023
Capture #2, Un instantané de la création belge, Le Pavillon, Namur, BE

2022

Parade "Utopia" - Char (Barbapapa), Lille 3000, Lille, FR

2019
Archipelagos of fragility, KIKK Festival 2019, Namur, BEL
100 artistes dans la ville - ZAT 2019, Montpellier, FR
5e anniversaire de la Bourse Révélation Emerige, Paris, FR

2018
Species and beyond, KIKK Festival 2018, Namur, BEL
Livro Do Desassossego,
Gyeongnam Art Museum Changwon, Republic of
Korea
Les Faits du Hasard
, 104 (Cent Quatre), Paris, FR

2017
En marge, In Situ - fabienne leclerc, Paris, FR

2016
Sous la lune, ICAS, Singapore, SG
Archéologie du présent, Musée d'art moderne Saint-Etienne Métropole, FR
Run, run, run, Villa Arson, Nice, FR
Le nouveau monde industriel, Galleria Continua, Moulins, FR

2015
Le Parfait Flâneur, curator Hilde Teerlinck, Palais de Tokyo en résonance avec la Biennale de Lyon, Halle Girard, Lyon, FR
Sèvres Outdoors, Cité de la Céramique, Sèvres, FR
Jambes de bottes, Villa Arson, Nice, FR
Jambes de bottes, Piano Project, Kunst Meran Io Arte, Merano, IT
Ad hoc, La Station, Nice, FR

2014
Les modules, Palais de Tokyo, Paris, FR
Voyageurs, Bourse Révélations Emerige, Villa Emerige, Paris Snap Project, Lyon, FR
Gestalt & Gangstagave, Association Culbuto, Musée MAMAC, Nice, FR
On/Out of work, Lyon, FR
J?écris donc je suis, Le Garage, Brive, FR
Minimenta, Galerie Bertrand Baraudou, Paris, FR
Baleapop #5, Festival, Saint Jean-de-Luz, FR

2013
Conjecture, In Extenso, Clermont Ferrand, FR
Nautilus, Nice, FR
Saison 17, La Station, Nice, FR
Artist-run space, Lieu-commun, Toulouse, FR

2012
Object in the mirror are closer than they appear, Le Salon, Nice, FR
Proxémie, Le Salon, Nice, FR
Watt, La Station, Nice, FR
Where are you?, Galerie Mineur, Blanzy, FR
Sunshine & Precipitation Part 2, La Station, Catalyst Arts, Belfast, IR

2011
Demain c'est loin, exposition des diplômés de la Villa Arson, Nice, FR
Les quatre cavaliers (2011/2071), La Zonmé, Nice, FR

Bibliographie

Publications

2014
"Impressions d?ateliers Tome II". Gazelle, 2014.
Guigo, Elsa. "Univers encapsulés". Code 2.0, 2014.
Mangion, Eric." Etat du ciel Part 2". Magazine du Palais de Tokyo, 2014.

2013
Azimi, Roxana. "Les cabanes de Michel Fedoroff à Bargemon". Le Nouvel Economiste. 2013

2012
Ouassit, Donia. Sunshine & Participation Part 2. 2012.
Levy, Audrey. "L?art contemporain explose". Le Point. 2012.

2011
Demain c?est loin. Villa Arson.

Formation

2009 ? 2011    
DNSEP, Félicitations du jury, Villa Arson, ENSBA, Nice, FR

2005 ? 2009    
DNAP, Félicitations du jury, ESBAM, Marseille, FR

Résidences

2014 - 2015         
Atelier Bourse Révélations Emerige, FR

2013                 
Villa Garikula, Association Culbuto Tbisili, GE

2011                      
La Station, Nice, FR

Textes

"Univers Encapsulés"
Par Elsa Guigo

 

Vivien Roubaud explore les formes autant que les matériaux, développant un intérêt particulier pour les techniques et les savoir-faire, les raccords contre-nature. Au-delà de simples récupérations ou réagencements de rebuts de la société de consommation, ses sculptures sont des systèmes dotés d'autonomie et de respiration. Les techniques hybridées s'y jouent du temps : le temps de l'oeuvre et le temps de la perception par le spectateur.

 

DE LA COLLECTE DES MATERIAUX

 

Vivien Roubaud collecte dans des déchetteries ou sur les trottoirs des matériaux de commun - câbles, tuyaux de plomberie, vieux matelas -,  qu'il définit comme des « objets qui nous font vivre ». La matière première présente autour de nous, il la récolte, la démonte, l'analyse, la transforme. Il serait facile d'y voir une vision éco-sensible et critique. Pourtant, les questions de pollution et de recyclage lui sont étrangères. Il se plaît à dire que son imprimante décharnée rampant sur le sol pollue bien plus.

Aucune pensée verte donc, mais une nécessité impérieuse d'utiliser ces matériaux dans une joyeuse excitation d'expérimentations. Parmi celles-ci, l'encapsulation des phénomènes et éléments naturels tient une place de choix. Ainsi, dans Gaine, câbles, moteur 12v, roulements, barrières IR, deux cent vingt volts (2011), l'électricité jaillit d'un câble rotatif incontrôlé qui menace le spectateur, alors que dans Poussières, souffleries, roues folles, deux cent vingt volts, mille cinq cents soixante-quinze mètres cube (2010), du pollen est propulsé par une soufflerie dans une « chambre stérile » et devient une pollution verte et allergogène mise en boîte.  Dans Compresseurs de climatisation d'entreprises, condenseur d'un congélateur coca-cola, évaporateur d'un distributeur de boissons, indicateur de pression, capillaires récupérés sur trois frigidaires individuels, gaz r404a, deux cent vingt volts (2012), une parfaite et improbable boule de glace est créée artificiellement. Enfin, citons encore le phénomène de sédimentation avec l'élaboration d'un système réunissant de manière artificielle toutes les conditions naturelles propices à l'expansion d'une stalactite (Calcaire, eau, cuivre, pompe, automate, deux cent vingt volts, 2013).

 

COMMENT FAIRE PLUTOT QUE QUOI FAIRE

Détourner les objets de leur fonction première et recréer des phénomènes naturels demandent à Vivien Roubaud une nécessaire maîtrise et une réappropriation des techniques et savoir-faire. Par une lecture attentive des modes d'emploi et des descriptifs techniques, il « exploite » les objets en les associant dans une hybridation qui semblerait a-fonctionnelle et illogique à n'importe quel chauffagiste ou plombier. À la lumière des catégorisations élaborées par Claude Lévi-Strauss dans La Pensée sauvage (1962), le scientifique élabore des procédures de recherche fondées sur des concepts alors que le bricoleur fait avec ce qu'il a sous la main. Les artistes naviguent entre ces deux mondes de réflexion et de pratique.

 

Plutôt que le quoi faire, c'est le comment faire qui intéresse Vivien Roubaud. Il exprime souvent l'idée qu'il doit « faire le tour » d'une technique, d'une idée d'hybridation ou d'expérimentation, dans un rapport intense à la fabrication. Expérimentateur inventif, il se confronte ainsi à des difficultés techniques comme celle d'associer des tuyaux de gaz avec des tubes de cuivre de plomberie. Quels raccords ? Quelles soudures ? Quelles normes à dé-normer ?

Les machines initialement conçues selon un schéma fonctionnel précis sont poussées à l'extrême, re-programmées, détournées de leur fonction première. Ainsi, l'imprimante qui tourne sur le sol est mue par ses mécanismes originaux, le chariot encreur avance selon une logique implacable d'un bout à l'autre du rail. Mais ici, le chariot fait des ronds sur le sol, de sorte que l'imprimante s'éloigne de son statut d'objet fonctionnel et statique pour devenir une sorte de machine folle (HP DeskJet, ordinateur, wifi, roulement à billes, ressort, deux cent vingt volts, 2012).

LE TITRE, ETYMOLOGIE DES OEUVRES

Titrer une oeuvre participe de sa fini-tude et de la distance que l'artiste place entre elle et lui. En alignant dans ses titres les noms des matériaux selon une logique propre, Vivien Roubaud donne corps à l'oeuvre et conforte son intérêt premier pour le comment faire.

Écrire en toutes lettres les chiffres - les volts utilisés ou les mètres cubes d'air - confirme l'idée qu'un matériau volatile n'est pas un moyen supplémentaire au service de l'oeuvre mais bien l'un de ses éléments consubstantiels, tout aussi important que les tuyaux, câbles ou fusées d'artifice. De l'invisible au visible, tout fait oeuvre. Le système existe grâce aux matériaux choisis, recélant dès leur sélection l'?uvre à venir. Vivien Roubaud ne collectionne pas, il collecte. Ses accumulations de mots décrivent et nomment la sculpture. Le système est autonome, observable et compréhensible tant dans son fonctionnement que dans son titre.

DE L'ELASTICITE DU TEMPS

De l'absurde naît un instant poétique, un moment suspendu. Tous ces assemblages sont les facettes d'un jeu sans fin avec l'élasticité du temps. La pratique de Vivien Roubaud englobe les trois périodes du temps historique (le passé, le présent et le futur) et excite chez le spectateur ses perceptions objectives et subjectives du temps.

Cette préoccupation se retrouve également dans les questionnements soulevés par l'exposition de ses ?uvres. Comment concevoir des systèmes autonomes dont les mouvements et les respirations imperceptibles pourraient être expérimentées dans le cadre chronologique d'une exposition ? Et si le spectateur ratait ces respirations ? Quel statut aurait alors la sculpture ? La tension tangible dans ces systèmes autonomes, que l'on pourrait qualifier de sculptures-temps, leur confère de fait une certaine fragilité.

Avec sa série Feu d'artifice, gelée de pétrole dégazé, combustion incomplète, tube PMMA (2014), Vivien Roubaud fixe un moment fugace. Il plonge des bouquets de fusées de feu d'artifice dans des tubes cylindriques remplis de gel de paraffine, préalablement dégazé et rendu transparent. La mèche allumée se consume doucement jusqu'à l'explosion. La nuée pyrotechnique est alors saisie dans sa brièveté : les volutes de fumées sont figées en chevelures filamenteuses, le papier carbonisé des fusées flotte, l'air est emprisonné dans une myriade de bulles... L'expansion est soudaine. Ce processus dangereux et délicat implique une multiplicité d'essais. Ce ne sont jamais des critères formels qui conduisent Vivien Roubaud à choisir d'exposer certains tubes plutôt que d'autres; seul le processus conduit à la forme.

Il explique : « de l'hypothèse de base que je porte sur un fonctionnement, il en résulte une forme que je décide ou non de faire progresser ».

Ces exigences techniques et cette farouche volonté de montrer le temps se retrouve dans l'une de ses ?uvres récentes, Sculpture élémentaire (titre de travail). Un pain de terre à grès crue est posé sous quatre brûleurs branchés à un enchevêtre- ment savant de tuyaux en cuivre contenant du gaz et de leau. L'ensemble suspendu au plafond pend tel un écorché dans une housse en papier cristal, sorte de membrane protectrice. Des capteurs de gaz et de flamme reliés au système témoignent d'une technologie pointue, maîtrisée. Les brûleurs s'allument pendant quelques secondes, projetant sur le pain une chaleur infernale. L'air se raréfie, la membrane se contracte. Chauffée à blanc, la terre crépite, se fend, éclate en de fines particules projetées. La chaleur monte, les capteurs commandent l'arrêt des brûleurs, la membrane se détend. Pause. La sculpture expire lentement tel un énorme mammifère. La terre chauffée à blanc s'effrite de nouveau, s'effiloche. Elle disparaît en recouvrant progressivement le sol. Le temps est à l'?uvre mais en accéléré. La terre n'a pas été modelée; le savoir-faire millénaire de la poterie est détourné de son but premier, le four a trop chauffé. Ici, se joue aussi la question de la perception de l'invisible dans le souple mouvement de la membrane, dans le crépitement aigu, dans l'air qui chauffe.

Les sculptures de Vivien Roubaud incitent le spectateur à déceler, à ressentir, à découvrir, à être surpris. Révéler des phénomènes sans masse, travailler le flux, l'énergie et l'imperceptible qui animent notre monde, voilà sa matrice. Offrant le vertigineux constat que le mouvement est perpétuel, il nous entraîne dans une perception des frottements de l'infra-mince, des flottements de particules... de la part invisible de l'oeuvre. Parfois, ce qui est à regarder n'est pas le plus visible.