Les photographies de Patrick Tosani ne nous racontent pas d’histoires et nous livrent peu d’informations. Elles ne sont pas non plus destinées à fixer le passage du temps : elles s’attachent principalement à restituer une certaine immuabilité, celle de l’objet placé au centre de la photographie. Ainsi méditées, réfléchies et achevées, ces photographies peuvent alors s’imposer. D’abord parce que la nature expérimentale et analytique du travail de l’artiste nous force à exercer notre regard en nous amenant à considérer ce que l’on oublie trop souvent de regarder ; ensuite parce que le format choisi par l’artiste érige ses photographies en monuments.
Mais le travail de Patrick Tosani ne se limite pas à nous restituer l’objet tel qu’il est, il cherche davantage à nous en montrer une facette différente. En les regardant de plus près ou en les deétachant sur des fonds neutres, il parvient à faire perdre leur identité aux objets ou aux corps qui, alors, nous surprennent et nous dérangent. Il nous faut en effet un temps d’adaptation avant de réaliser, par exemple, que c’est un pantalon qui compose le Masque (1998), ou de déceler la présence d’un talon derrière une grande sculpture abstraite (Talon, 1987). C’est là le pouvoir de la photographie bidimensionnelle.
“Le travail que je mène est dans l’image et non dans l’objet photographié”, explique l’artiste, qui crée une image capable de nous révéler un objet dans toute sa singularité et son étrangeté.
Patrick Tosani (1954) a étudié l’architecture de 1973 à 1979 à Paris. Il vit et travaille à Paris, où il enseigne à l’École nationale supérieure des beaux-arts.