4 février - 17 février 2024
VERNISSAGE : 4 février 2024, 14H - 18H
Performance Tala Lelo à 16h
Kizobazoba désigne en lingala des pièces de tissus récupérées et cousues entre elles pour en faire un vêtement. Kizobazoba, c’est le mélange improbable de rebuts. L’artiste et performeur Yannos Majestikos applique ce principe d’assemblage à son exposition pour invoquer tour à tour la mode, l’instabilité politique, la pauvreté et les désastres environnementaux.
Dans sa performance Kati Na Libanda (2021), habillé d’armures réalisées à partir de déchets électroniques et de circuits imprimés, l’artiste dénonce l’exploitation et la violence dans les minerais de sang à l’est de la République démocratique du Congo, contrôlé par des mercenaires et groupes armés.
Casques, habits et traîne, réalisés en cosses de cacahuètes et présentés sous forme d’installation proviennent de Sapekologie Téléportation (2018). « Sapekologie », mot valise associant la Sape (Société des ambianceurs et personnes élégantes) et le terme Ekolo qui signifie en lingala à la fois « pays » et « récipient ». Sous Mobutu, l’ekolo était un système de mesure utilisé pour l’achat de nourriture et devait participer à la résolution de la crise économique. Ici, l’artiste pointe le malaise identitaire lié à l’héritage colonial qu’il perçoit dans l’art de la sape.
Entre empereur grec et guérilléro, Yannos Majestikos dénonce les crises qui frappent la République démocratique du Congo. Ses collages et dessins sont inspirés d’une histoire de la Grèce antique, où une poignée de soldats se confronte à une armée entière. UNDER, EXIL-EXIT, WORLD REVOLUTION montrent des personnes en situation d’exil, en lutte pour changer le cours des choses.
Performance lors du vernissage, Tala Lelo met en scène des hommes TV portant des moniteurs cathodiques en guise de tête. Les écrans diffusent les portraits et les discours de dirigeants qui ont écrit l’histoire de l’ex-Zaïre et de sa décolonisation.
Né en 1988 à Kinshasa en République démocratique du Congo, Yannos Majestikos est plasticien et performeur. Diplômé en architecture intérieure des Beaux-Arts de Kinshasa, il réalise dessins et sculptures, fonde le collectif Sakana Na Art, signe des performances engagées dans l’espace public dès 2012 (« Super Ekolo »), participe à des expositions et à des films (« Système K » de Renaud Barret). Lauréat 2018 du Visa pour la création de l’Institut français, résident à la Cité internationale des arts, il choisit de s’installer en France et devient membre de l’atelier des artistes en exil. Il participe à l’exposition « Kinshasa chroniques » au Musée international des arts modestes (MIAM) à Sète avec « Sapekologie Téléportation », se produit à Paris, Lille, Annecy, en Belgique et en Espagne. Il crée la pièce « Tala Lelo » aux Subsistances à Lyon en 2019, « Résurrection » à la Condition publique à Roubaix en 2021 (festival Latitudes contemporaines). Dans le cadre du programme Pause du Collège de France, il est accueilli à l’École supérieure d’art Annecy Alpes et aux Arts décoratifs de Paris. Il est lauréat en 2019 de la bourse ADAGP « Regards d’ailleurs ».