Le de?placement mis en œuvre dans l’installation Couleurs de Cotonou (2007-2009) est diffe?rent. Celui-ci est d’ordre linguistique et se?mantique, puisque l’artiste joue aussi bien avec les formes qu’avec les mots. Il s’agit de l’installation d’une se?rie de cadres, des pleins
et des vides s’alternent dans l’intention de repre?senter une me?taphore de notre socie?te? :
« Il y a le plein et le vide dans cet ensemble, aussi bien comme dans l’ensemble de notre socie?te?.
il y a des diffe?rences, des disparite?s, il y a les pauvres et il y a les riches », argumente-t-il3. Vides ou pleins, ceux-ci sont de?core?s par des billets de banque qui enrichissent la structure de bois en l’habillant a? la manie?re des feuilles d’or. L’or contemporain, c’est-a?-dire l’argent,
est l’un des mate?riaux privile?gie?s de cet artiste depuis ses premiers travaux des anne?es 1990. Cet e?le?ment, qui avait suscite? la curiosite? du jury de la Rijksakademie d’Amsterdam (ou? Gaba s’est forme?) au moment du concours d’entre?e, est une constante dans le travail de l’artiste.
Si le jury europe?en e?tait surpris de voir que l’artiste s’empare avec autant d’audace de l’argent comme mate?riau, pour Gaba ce choix est par contre tre?s significatif de son position- nement artistique et politique. Il s’e?carte ainsi d’une image du fe?tiche de l’art africain, qui privile?gie les mate?riaux pauvres ou de re?cu- pe?ration, et n’he?site pas a? manipuler ce que manipule toute notre socie?te? : « Aujourd’hui, c’est l’argent qui de?cide », de?clare-t-il4.
Il s’agit du portrait d’une socie?te? africaine globalise?e, fortement attache?e a? l’argent et en perpe?tuel mouvement que l’artiste donne a? voir.
Texte Francesca Cozzolino