Le projet Wonder Beirut s'articule autour du fond d'un photographe fictif nommé Abdallah Farah, créé par les artistes comme un personnage cinématographique et qui, à la fin des années 1960, aurait produit des images utilisées des années plus tard pour ce projet.
Durant les années de guerre, souvent à court de révélateur ou de papier, Abdallah Farah a pris l'habitude de ne plus développer ses images. Il lui suffit de les prendre, reportant constamment le moment de les vévelopper. Les pellicules s'accumulent sans besoin d'être révélées. En revanche, chaque film exposé est daté, répertorié et conservé dans un tiroir; chaque photographie est minutieusement décrite dans un carnet.
Ces "images latentes" se donnent à lire, laissant libre cours à l'imagination du lecteur. Présentées sous la forme de planches contacts, elles forment un journal du photographe relatant sa vie familiale, ses enthousiasmes et sésenchantements ainsi que ces amours perdues, sa recherche photographique et l'histoire du Liban contemporain, les transformations de la ville et les bouleversements politiques. En perpétuant l'acte photogrpahique mais en soustrayant son résultat du flux de "sa consommation", le travail du photographe est symptomatique d'un nouveau rapport à l'image.
À quel moment et pourquoi Abdallah pourrait-il décider de développer ses pellicules, de livrer à la lumière ses images ? À quel moment l'image en latence se révélera-t-elle ?
Catalogue Joana Hadjithomas & Khalil Joreige / JRP RINGIER Edition, 2013